où Lognon joue les Schéhérazade

Il y aurait tellement à en dire de cette femme qui, ni veuve ni marquise, et ne sortant vraisemblablement pas vers cinq heures, accompagna si souvent le jeune Lognon jusqu’aux rives du sommeil. Tellement à dire de l’image s’en faisait le gamin, et des conséquences que tout ça a pu avoir sur sa personnalité. Mais on n’a pas le temps de développer, déjà tellement de choses en suspens dans ce feuilleton. On voudrait pas lasser. Et puis, rien vous empêche de l’écrire, tout ça. D’ailleurs, peut-être de ça qu’on rêve : que tout le monde s’y mette et que ça fasse fleuve, et emporte tout sur son passage… « Cette femme, elle était comme qui dirait malade, en fait… un mal inconnu… alors, un jour, ça faisait un moment qu’elle était comme ça, alitée, vraiment pas bien et tout… et puis, vous voyez, à force de soins et tout, de médicaments, de médecins, et ben elle finit par guérir… mais c’est pas ça le plus important… en fait, une fois qu’elle est guérie, elle dit à son mari… il est super content, le mari… elle lui dit que pour fêter sa guérison, hé bien elle voudrait des pommes !… ouais, des pommes !… seulement, le mari, il est drôlement embêté, parce que les pommes, c’est pas la saison… alors pour en trouver… pas évident !… finalement, il se dit qu’il y a peut-être une solution : c’est d’aller dans le jardin du sultan à Bassorah… et que là, il devrait pouvoir en trouver des pommes… parce que le sultan côté jardin, il est super équipé… il a de tout toute l’année, quoi… alors, j’vous passe les détails, mais le mari en question, il s’arrange pour dégoter trois pommes… trois belles pommes !… il les ramène à la maison, et sa femme, elle est vraiment trop heureuse, quand elle voit les trois pommes… elles sont tellement belles qu’elle veut pas les manger tout de suite… elle les installe dans un compotier dans sa chambre… elle les regarde… elle leur parle… enfin bref, tout va bien… la mari, lui, il va en ville pour vaquer à ses occupations… ils disaient à l’époque, vaquer… donc, il vaque, quand tout à coup, qu’est-ce qu’il voit dans la rue, à pas deux mètres devant lui ?… «horreur, stupéfaction et damnation», qu’il disait à ce moment-là, l’oncle Édouard… et moi, je me souviens, je me relevais un peu dans mon lit, je me recalais le dos contre l’oreiller pour être bien confortable, et je lui disais… c’était comme un rituel entre nous… « un homme passa avec une pomme dans la main »… et lui, il hochait la tête, et hop ! il enchaînait : « il s’approcha aussitôt de l’inconnu et s’enquit d’où provenait cette pomme »… et là, le type en question, il lui fait, avec un grand sourire et tout : « c’est mon amoureuse qui me l’a offerte… » et d’ajouter que c’était là une preuve d’amour incomparable vu que les pommes, c’était pas la saison et que pour en trouver… évidemment que le mari, il a pas écouté l’autre gus jusqu’à la fin de son baratin…. ni une ni deux, le gars il file chez lui dare-dare directos dans la chambre de sa femme… où il est bien obligé de constater qu’il ne reste plus que deux pommes dans le compotier… je sais pas si vous voyez un peu !… et sa femme qu’est bien incapable de lui expliquer où elle est passée la troisième pomme… bien trop honnête pour lui dire qu’elle l’a mangée alors que c’est pas vrai… mais je vous en dis trop !… l’oncle Édouard, lui, il savait tourner tout ça !… »

2 Réponses to “où Lognon joue les Schéhérazade”

  1. c’est Emma qui va être contente, on l’oublie et ses histoires pour une énigme apparemment plus facile

  2. pour être franc avec vous, j’ai préféré calmer le jeu: depuis qu’Emma a rejoint Facebook!…

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