où de mains en lèvres la vérité prend corps

La nièce de la marquise sortie l’avant-veille sur les coups de cinq heures ! Vous vous souvenez ? Stridulant de ses deux lèvres carminées… sautant sur le pauvre Lognon en train d’ouvrir la porte de son bureau… Folle furieuse ou furie folle, vous laisse le choix… Hurlant… s’agrippant à l’imperméable du commissaire… sans que celui-ci comprenne rien à ce qu’elle braillait… Barrée trop haut dans les aigus… à moins que la grande fatigue de Lassoupâh… ou cette certitude de prochainement tout saisir… emballé, c’est pesé, deux ou trois coups de cuiller à pot et l’énigme résolue… et le commissaire du même coup soulagé… plus de risque de basculer corps et âme dans la fiction… l’aimait tellement son entre-deux… Mais foin de théorie, retour à la praxis, comme ils disent les profs de Littérature… Avec majuscule et lettres de noblesse, s’il vous plaît !… Retour, on a dit !… Mais sans flash back ni flash ball !… Non, tout en douceur… l’image des deux lèvres… et les canines toutes blanches… celles de Marie-Mathilde… Mâ-Mâ, comme l’appelait sa tante de marquise… Gueulant quenottes au vent… tirant le commissaire par la manche… se laissant aller à des grossièretés, d’après certains témoins… notamment Décembre et le jeune Lapointe, bondis d’un des bureaux du couloir comme diable à ressort d’une boîte… D’eux, Lognon ne vit que leurs mains… deux paires empoignant du vide et s’éloignant en arrière au même rythme que les lèvres carminées… du moins ce qu’il prétend… Fatigue extrême… bout du rouleau… Un coup de mou, quoi !… Comment il s’est ressaisi, en voyant qui l’attendait dans son bureau, autant vous dire tout de suite que votre serviteur l’ignore… Intuition, peut-être… Intuition mêlée de cette longue expérience… Sans compter sa volonté farouche de reléguer Maigret aux oubliettes… Et puis la tête du type… Non, pas une gueule d’assassin… si peu la devine le matin en se rasant !… mais tout du moins une mine de circonstances… celle d’un qui vient de passer aux aveux et sent tout à coup le poids de ses mots sur ses épaules… soulagé et comprenant dans quel pétrin… regardant fixement ses deux mains… Des mains lisses et toutes blanches… de longs doigts fins de pianiste ou de représentant de commerce… Mais son boulot, on a bien le temps de s’en préoccuper… de toute façon, vous connaissez la musique, lecteur!… on ne vous la fait plus, à vous… connaissez par cœur le déroulement d’un interrogatoire… comme si vous étiez du métier ou presque… D’ailleurs, vous avez compris pourquoi ce regard sur ses mains… aussitôt synapses en marche… connections à gogo et trier illico !… mains… stranguler… mam’zelle Aldobrandi… pas Sofia, non !… Vanessa… rue de la Folie-Méricourt… zcouic !… et ce rendez-vous avant avec sa sœur… un bistrot de la rue Alexandre Dumas… Quand on vous dit que tout s’accélère !… que la vérité prend corps !…

Une Réponse to “où de mains en lèvres la vérité prend corps”

  1. le bicirconflexe fait fureur dans cette famille, on le savait (mais Lassoupâh n’en est point) (et pourtant, qui peut le savoir ?)(le Yéyé est lui aussi bien embêté : pourquoi tant de haine, auteur, envers un tennisman breton aux cheveux longs et au sourire enjôleur ?)(BG pour beau gosse, bidji chez les intimes)(je ne vois pas en quoi les représentants de commerce auraient quelque chose à voir avec des doigts fins… je m’égare, j’élucubre, j’extoplasme ou alors ???)(j’aime pas les gens qui pensent le matin en se rasant, me font penser à l’autre nabot)(désolé de ce type de réminiscence en pleine fiction, l’abruti n’en est malheureusement pas du tout, de la fiction)(la vache!)

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